Création en cours de production: LUCIENNE EDEN OU L’ÎLE PERDUE

Promets-moi de n’oublier jamais l’enfant que tu ne seras plus

Pièce de Stéphane Jaubertie, ayant obtenu le prix ARTCENA 2022
A partir de 9 ans: cm1,cm2, 6ème, 5ème et public familial

Résumé

Une rencontre de naufragés: Lucienne Eden, une enfant, orpheline, à l’énergie insolente vit presque seule sur une île avec pour seul compagnon un vieil homme farfelu nommé Andris, son père adoptif. Elle voue un culte à sa maman qu’elle n’a pas connue et qu’elle imagine starlette à Las Vegas. Un matin, elle découvre pour la première fois sur sa plage des déchets plastiques et sous ces déchets un jeune  naufragé, Gaspard, parti  à la recherche de son père parti pêcher trop loin en mer. Peu à peu, ils s’apprivoisent. Lucienne lui fait découvrir son île où changement climatique  rime avec fantastique: forêt de brocolis géants, tortues volantes, lucioles qui apparaissent à la moindre angoisse … Cet endroit aux parfums d’enfance est amené à disparaître : il va falloir se résoudre à le quitter pour le monde réel des adultes et  accepter de grandir, rejoindre le monde des horloges et des responsabilités.

Andris lui demande juste au moment de son départ :  « N’oublie jamais l’enfant que tu ne seras plus » . N’oublier jamais cette part d’enfance qui nous permet encore de rêver, d’imaginer de nouveaux possibles.


Extraits:

Extrait 1 :

 » Le matin, sur une plage. Apparaît une jeune fille. On découvre en même temps un énorme tas d’ordures en plastique échoué sur le sable.

LUCIENNE.- Nom d’un rêve! C’est pas vrai! Madredios! Pas ici! Pas mon Île! Les salauds. (au large) Ça vous suffit pas d’avoir tout salopé la Terre ?Ça vous suffit pas d’avoir salopé tous les océans? Maintenant c’est sur ma plage que vous envoyez mourir vos ordures! Mais rien ne vous arrête! Vous avez quoi dans la tête ? Assassins! Regardez-moi ce travail! Elle ressemble à quoi, maintenant, ma plage ? Vous voulez que je vous les mette dans votre lit, vos ordures, pour voir ce que ça fait? Vous savez quoi? Vous allez venir ramasser. Et tout de suite ! Bande de nazes! C’est vos plastiques, non ?

Ah! on veut bien ruiner la vie des autres mais on veut pas se salir les mains! Vous voulez que je vienne vous chercher à coups de pompe dans le verre de montre? Allez, mes petits salopiots, on bouge ses fesses et on nettoie sa crotte! Je compte jusqu’à trois. Un! Deux!

(Le tas d’ordures bouge.) Ah! c’est quoi, ça? (Elle regarde autour d’elle.) C’est vous, les nazes ? J’avais pas dit trois!

Oh! y a de la vie là-dessous ? (Ca bouge.) Ah! madredios! Y a quelqu’un ? Z’êtes un poisson? You’re a fish? Y parle pas, ça doit être un fish. Ca bouge plus. Z’êtes un poisson mort ? you’re a dead fish ? Vais m’approcher! I am coming! Alors ça serait mieux que vous soyez mort, d’accord? (Elle s’approche doucement et soulève un bout de plastique.)

Oh ça fouette sa chaussette! (Elle se pince le nez.) C’est de la sardine qu’est là-dessous ou de la méduse ? (Ça bouge, elle fuit.) AH! la vache! Heureusement que j’ai jamais les pétoches, m’aurait fait peur, c’te con d’andouille! L’est bien grosse la sardine quand même !

. Z’ètes pas un requin? Hein? You’re not a requouine ? Tu me le dirais si t’étais un requouine, pas vrai? (Ça bouge et ça râle.) Madredios! C’est quoi c’t’affaire? (Ca rampe et ça se redresse.) Nom d’un rêve ! un bird ! C’est un grand bird de l’ancien monde qui s’est échoué les ailes dans le pétrole ! You’re a big oiseau in the mazout, isn’t it ? (ça s’étend) Un poulpe ? C’est un poulpe géant qui se lève et qui m’avance dessus! Un grand calamar qui va me prendre dans tous ses bras et m’avaler d’un coup !

Et en ce doux matin du monde, je serai morte à jamais ! Adieu monde pollué ! Non mais tu fais quoi Lulu, ben je m’abandonne. Tu vas quand même pas te laisser bouffer par le premier calamar qui passe ? tu vaux mieux que ça. Come on, mister Caoutchouc! Let’s go to fight!

(Émerge du tas un garçon. Lent et sale comme un zombie.) C’est quoi c’te truc”? Ça vit dans la mer, ça ? Mais c’est humain, ce machin! Hé! Tu fais quoidans l’océan? (Elle s’approche.) Oh, tu chmouttes ! y va me dézinguer l’atmosphère, le malpropre! De l’air! De l’air! Madredios! Comment qu’on peut puer pareil? Hé! faut pas rester là! Machin! T’es pas autorisé à stationner, c’est une plage privée ici! Rentre chez toi! Tu vas tout me saloper mon île! Oh! Machin!

GASPARD.- Papa.

LUCIENNE.- Quoi ?

GASPARD.- Papa!

LUCIENNE.- Où ça, papa”?

GASPARD.- Papa.

LUCIENNE.- Pas papa, non.

GASPARD.- Papa.

LUCIENNE.- OK. Fallait qu’ils m’envoient un dingue. « 

Extrait2 :

 » ANDRIS.- J’étais tout en haut de la colline, sous le soleil, à penser au vide de ma vie, quand j’ai vu au large un bout de bois. C’était un petit bateau avec des gens dessus. Beaucoup trop. Le lendemain, encore un, puis deux, puis trois, et tous les jours davantage, avec toujours plus de monde. Ils devaient fuir, ces gens, pour s’entasser comme ça. Fuir la misère ou la guerre. Jusqu’à ce qu’un matin, un de ces bateaux se casse en deux, et j’ai vu comme je vous vois, tout le monde se répandre dans l’océan. J’ai tourné la tête pour voir si les autres embarcations allaient faire quelque chose, mais elles ont continué. Quand j’ai regardé de nouveau le bateau cassé, l’eau avait retrouvé son calme, et tout le monde avait disparu.

GASPARD.- Vous avez fait quoi?

ANDRIS.- J’ai couru jusqu’à la plage. Ici. ici échoués, une femme et son bébé. Pas plus grand que ça, le bébé, mais y gueulait d’une force, dans les bras de sa mère, fallait voir comment. Tant d’énergie dans ce petit corps, c’était pas croyable. Devait être sacrément en colère, le petit miracle.

GASPARD.- Et la mère ?

ANDRIS.- C’était trop tard. Je ne savais pas quoi faire. Alors je l’ai enterrée. Et je t’ai élevée comme j’ai pu.

LUCIENNE.- Allez viens. Faut le laisser maintenant. L’est parti loin dans la folie, on peut plus rien pour lui.

ANDRIS.- Je suis désolé. Nous sommes tous des naufragés.

LUCIENNE.- N’importe quoi. Ma mère, elle s’est échouée morte sur cette plage avec moi dans les bras?  Et c’est toi qui m’as élevée? Mon pauvre vieux. Et Vickie Eden? La star de Las Vegas? Elle existe pas? C’est elle, ma mère, et tu le sais très bien! C’est elle qui ma élevée avant de partir, c’est même toi qui me l’as dit! Et la photo dédicacée alors? Elle existe pas? « Pour ma lumière, ma Lucienne.»

ANDRIS.- «..… Je serai toujours avec toi. Ta maman qui t’aime. Vickie Eden.» C’était le nom écrit sur la photo de ma danseuse, Je me suis dit qu’au moins, avec un nom et un visage, ce serait plus facile de t’inventer une histoire.

LUCIENNE.- Tu sais pourquoi je m’appelle Lucienne ?

GASPARD. Non.

LUCIENNE– Parce que ça veut dire «lumière»! La lumière de ma mère. Voilà ce que je suis! Mais dis-lui, vieux fou, pourquoi je m’appelle Lucienne!

ANDRIS.- Tu t’’appelles Lucienne parce que c’était le prénom de ma mère. Le premier qui m’est venu quand je t’ai prise dans mes bras. Après, j’ai fait ce que j’ai pu. Et maintenant tu t’en vas, et c’est très bien. « 

Note d’intention

Il n’est pas si aisé de tomber sur de beaux personnages féminins centraux en écriture jeune public. Alors comment ne pas fondre devant un personnage féminin si haut en couleurs, et si libre ? Ce qui m’a le plus touché chez Lucienne, c’est la force de cette jeune fille qui doit se construire sans l’amour d’une mère et qui fantasme son portrait. Comment, orpheline, trouver la force de se construire et d’aller de l’avant? Seule, Lucienne ne l’est pas tout à fait. Andris, son père adoptif n’est jamais loin et il lui offre un beau récit fictionnel, qui lui permet de prendre du recul face au récit qui lui sera révélé à la fin de la pièce ; celui de son origine. Lucienne est en fait arrivée, bébé à bord d’un bateau de migrants, seule rescapée du naufrage d’un bateau de fortune. Boris Cyrulnick, dans “Autobiographie d’un épouvantail” rapporte au travers de multiples témoignages, qu’ un beau récit fictionnel peut davantage structurer l’intimité d’un enfant qu’une stricte réalité. On bricole une image, on donne une cohérence aux événements comme si on réparait une injuste blessure.“un récit n’est pas un retour, c’est une réconciliation avec son histoire ..;Tout récit est vrai comme sont vraies les chimères. Tout est partiellement vrai”. Les enfants grandissent encore et surtout aujourd‘hui dans un monde anxiogène, avec autour d’eux, guerres, inégalités en tout genre, dérèglement climatique… Je trouve donc important de leur proposer des personnages lumineux, conscients de la réalité mais aussi de leur ressource intérieure, de la force de leur jeunesse, de leur insolence, de leur humour pour inventer une nouvelle réalité.

Côté distribution

 Suite à une série d’ auditions qui ont eu lieu entre avril et juin 202 , la distribution sera  composée de : 

Lucienne : Zahia Merabti (sortie de CP3 spé du conservatoire de Tourcoing en mai 2025),

Gaspard : Therys Bibiloni  (sorti du CPES conservatoire de Lille en juin 2024) 

Andris : Olivier Brabant


Côté calendrier en amont de la création

Recherche Scénographique

En septembre 2024, nous avons été en phase de recherche scénographique  et accessoires autour du spectacle, grâce à un atelier de Fabrique artistique (AFA, dispositif DRAC) que nous mènerons avec La Manivelle Théâtre à Wasquehal,  l’idée était de travailler autour d’un pop up géant et diverses sources de projection des dessins animés  en 2D de  Cléo Sarrazin

 
Recherche accessoires et costumes

En mars 2025: nous avons eu de résidences de recherche costumes et accessoires à La Maison Folie Beaulieu à Lomme, avec construction d’un banc de poissons à partir de bouteilles d’eau recyclées, avec les habitants et en lien avec l’association lommoise Le quai des transitions . Recherche rendue disponible par un budget pré-prod, subvention donnée par La Région Hauts De France.

Premiers échanges avec le public en amont de la création

Nous avons plusieurs temps forts , rencontres avec le public autour de la pièce :

Avril 2025: un temps P’tit time au Grand Sud programmé par Les fabriques culturelles de Lille avec lecture d’un extrait de la pièce par Zahia Merabti Et Therys Bibiloni suivi par un atelier d’aisance à l’oral et de lecture à voix haute autour de la pièce avec des familles, au Grand Sud.

Vacances de pâques 2025: Un stage intergénérationnel (8 à 70 ans) d’une semaine, à La Manivelle Théâtre, Wasquehal, autour d’extraits de la pièce.

Fin Avril et début mai 20225: deux répétitions publiques en collège en amont de la création, avec extraits de la pièce jouée devant des élèves de 6ème à 3ème : collège Saint Vaast à Béthune et collège Deconinck « Festicollège » à ST Pol Sur Mer.

Calendrier création
Les répétitions commenceront du 30 juin au 4 juillet 2025  au Théâtre Le Grand Bleu, scène conventionnée d’intérêt jeunesse.

Elles se poursuivront jusqu’au 23janvier 2026, date de sa création.

Nous sommes toujours en quête de nouveaux partenariats.